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Comorbidité : coordonner la prise en charge psychiatrique et somatique des patients

26 décembre 2019
La maladie mentale - toutes pathologies confondues - touche un Français sur cinq. Globalement, ces personnes sont en moins bonne santé que la population générale. En effet, de nombreuses études ont mis en évidence le lien existant entre troubles psychiques et affections de longue durée (ALD). Aussi, il est urgent de coordonner la prise en charge des patients en psychiatrie, pour soigner leurs souffrances somatiques au même titre que leurs maladies psychiques.

Comorbidité : la double peine des patients en psychiatrie



Force est de constater que les troubles psychiatriques sont souvent liés aux maladies chroniques. En effet, certaines pathologies somatiques peuvent entraîner des troubles psychiques… et inversement.

Une étude révèle par exemple que 13,1 % des patients atteints d'un cancer du poumon souffrent de dépression, contre 2 % dans la population générale (1). La maladie aurait donc un impact sur la santé mentale des patients. Rien de surprenant à cela, puisque le cancer est sans conteste une épreuve à traverser. Il en est de même pour d’autres affections de longue durée difficiles à vivre au quotidien, comme l’insuffisance rénale ou le diabète. Les malades subissent de lourds traitements, qui affectent bien souvent leur confort, leur quotidien, les relations avec leurs proches (dialyse en centre trois fois par semaine pendant quatre heures, etc.). Les probabilités pour que leur santé psychique soit impactée sont plus grandes que pour une personne en bonne santé.



L’espérance de vie d’un patient souffrant de pathologie psychiatrique sévère est de 20 % inférieure à celle constatée dans la population générale. (Source : FFP-CNPP)



Dans le sens inverse, les pathologies somatiques seraient surreprésentées chez les patients atteints de troubles mentaux. Particulièrement les maladies cardiovasculaires et respiratoires dont le taux de comorbidité est compris entre 30 et 6O % (2). La mortalité des patients souffrant de schizophrénie est par exemple de 4,5 fois supérieure, à celle de la population générale (3).

Dès lors, il est important de prendre en charge ces personnes en tenant compte de l’aspect psychosomatique de leur souffrance.

Comment suivre les pathologies somatique et psychique en parallèle ?



Les échanges entre médecine somatique et médecine psychiatrique se font encore trop rares. Conséquence : les patients présentant une comorbidité (psychosomatique) bénéficient d’une prise en charge lacunaire. Un constat d’autant plus regrettable que, comme expliqué précédemment, les maladies chroniques et les troubles mentaux sont fréquemment liés. Alors, comment remédier à ce manque de synergie entre professionnels de santé ? Comment opérer un suivi efficace des différentes pathologies en parallèle ? Comment prendre en charge la maladie psychique au même titre que la maladie somatique ?

Une solution de télésurveillance médicale peut s’avérer efficace pour suivre les personnes présentant une comorbidité. En effet, la télésurveillance médicale offre aux patients la possibilité d’être suivis à domicile, via une application. Le concept est simple : le patient enregistre quotidiennement ses données de santé, qui remontent immédiatement à son médecin et génèrent des alertes automatiques en cas d’anomalie (les seuils de normalité étant paramétrés en amont pour chaque patient). Les indicateurs surveillés, définis par l’équipe médicale, peuvent concerner tant l’état mental que physique du patient.

Concrètement, si le patient relève d’un traitement d’oncologie associé à un épisode dépressif catégorisé (EDC), il sera suivi pour son cancer et pour son EDC sur une même interface. Celle-ci étant accessible à toutes les parties prenantes du suivi médical (oncologue, psychologue, infirmier libéral, kiné…) permet de renforcer la collaboration entre tous les praticiens. Car chacun accède, quand il le souhaite, aux informations de santé du patient, reçoit des alertes en cas d’anomalie et peut ainsi prendre les décisions qui s’imposent.

La solution de télésurveillance médicale permet ainsi de prendre en compte l’état de santé du patient dans sa globalité, afin de mieux le suivre et adapter son traitement. La continuité du suivi - même en dehors des consultations médicales - permet de détecter les anomalies au plus tôt, qu’elles soient somatiques ou mentales. Le maintien du lien soignant-soigné en continu a également tendance à rassurer les patients, ce qui améliore leur qualité de vie physique et mentale.

L’avantage de la télésurveillance médicale est qu’elle permet de garantir le suivi sur le long terme, là où habituellement, la maladie mentale est traitée dans l’urgence - au moment d’une crise. Le dispositif se place dans un objectif préventif, pour éviter autant que possible les solutions à court terme (médicaments, hospitalisation).

Aujourd’hui, de nombreuses voix s’élèvent pour promouvoir une offre de soins en psychiatrie à la fois globale et spécialisée. La télésurveillance médicale apparaît comme un élément de réponse cohérente à cette problématique. Ce modèle de prise en charge a déjà démontré son efficacité pour d’autres pathologies. Sa déclinaison pour les cas de comorbidité psychosomatique semble donc pertinente.



(1) Etude dirigée par Pr Jane Walker de l'université d'Oxford et portant sur 21.000 patients souffrant d'un cancer, 2011

(2) Selon une étude de la FFP-CNPP, 2015

(3) Casadebaig F., Philippe A., « Mortalité chez des patients schizophrènes. Trois ans de suivi d’une cohorte », L’Encéphale, vol. XXV, fascicule IV, 1999